pouikette Animatrices
Nombre de messages : 6837 Age : 33 Localisation : Picardie Date d'inscription : 06/08/2008
| Sujet: La tortue molle de floride Mar 12 Aoû - 0:39 | |
| L’imagination populaire se représente les tortues comme des animaux inoffensifs et attendrissants. Peu de gens conçoivent qu’une tortue peut-être un prédateur complet, au corps hydrodynamique et même représentant un danger pour l’homme ! Les tortues à carapace molle sont ce contre-exemple de l’image placide des petites tortues que nous achetions pour quelques francs il y a 20 ans et que nous logions dans de ridicules récipients en plastiques avec un tout aussi ridicule palmier artificiel trônant en leur centre.
Classification :
Classe des Sauropsides – Sous classe des Tetrapsides ne comportant en espèces vivantes que les tortues : Ordre des Cheloniens. Noms communs : Tortue molle de Floride.
Nommée d’abord Testudo ferox par SCHNEIDER en 1802, elle changea fréquemment de nom même si elle resta dans le genre Trionyx durant 176 ans En 1973 elle passa sous le nom d’Apalone ferox, néanmoins, en 2005 HALLMEN remet cette nomination en question en renommant l’espèce Trionyx ferox.
Description :
Cette tortue a les caractéristiques typiques des Trionichidés : carapace non recouvertes de grandes écailles solides mais d’un cuir épais parsemé de toutes petites écailles dispersées. La solidité est donnée par des plaques osseuses dans le tissu mais qui ne sont pas soudées offrant une souplesse à la carapace. Plastron réduit. Tête pointue pourvue d’une grande mâchoire, cou long et très extensible, museau pointu, yeux proéminents, pattes très palmées et longues. Ce look parfaitement hydrodynamique permet à ces tortues de se déplacer très vite dans l’eau, avec une habileté déconcertantes et de s’enfouir dans le sol pour chasser à l’affût. Sur terre elles sont bien moins habiles, mais leur sale caractère et leur bec acéré fait fuir les intrus. Légères et flexible, la carapace reste protectrice sans être un fardeau. L’Evolution a fait de ces tortues des machines à tuer ! La carapace des très jeunes spécimens est joliment décorée. Elle est parcourue de lignes orange qui forment les contours de taches irrégulières, comme une mosaïque sur le fond sombre de la carapace. Le bord de la carapace est entouré d’un liseré jaune à orange. Mais avec l’age elle devient uniformément brune, les marques deviennent discrètes voire disparaissent. Le plastron est blanc rosé. Les pattes et la tête brune à couleur sable. La tête des jeunes est marquée de lignes orangeâtes. La carapace des mâles atteint 25-30 cm, chez les femelles 50 à 60 cm ! Les femelles ont par ailleurs une queue nettement plus courte que celle des mâles, mais cette distinction n’apparaît qu’avec l’age.
Dans la nature :
On trouve cette espèce au sud-est des USA, dans les Etats suivants : Floride, Alabama, Caroline du Sud, Géorgie du sud. Elle vit dans un climat tempéré chaud à sub-tropical. Elle vit dans les eaux stagnantes et boueuses mais aussi des rivières et les fleuves pourvu que le sol soit meuble. C’est un grand prédateur passant son temps enfouis dans le sable. Comme la plupart des Trionichidés elle peut filtrer ne partie de l’oxygène de l’eau via un système très vascularisé au niveau de la gueule. Attention ! Vu les conditions climatiques de son milieu naturel, elle peut survivre dans le sud et l’ouest de la France a l’état sauvage et constitue un réel danger pour la faune locale et même pour les baigneurs ! Ne JAMAIS relâcher dans la nature ces espèces nord-américaines ! Même si les hivers du nord de la France sont trop rigoureux pour la survie de cette espèce, il ne faut surtout pas sous-estimer les capacités d’adaptation de ces animaux, de ce fait, où que se soit et quelque espèce que se soit, ne jamais relâcher une espèce étrangère dans la nature. Il y a 20 ans personne n’aurait pu penser que Trachemys scripta elegans puisse ainsi prospérer et se reproduire chez nous. Notre Emys obriculars nationale en fait les frais et est aujourd’hui gravement en danger d’extinction. Par ailleurs, des tortues américaines comme Apalone spinifera ou Chelydra serpentina ont été trouvées à l’état sauvage dans de nombreuses régions de France. C’est à cause de ceux qu ont relâché bêtement ces animaux dans la nature que le gouvernement français a drastiquement durci la législation sur la possession de Cheloniens et de reptiles en général interdisant toutes espèces qu représentent un danger pour le biotope. Malheureusement, comme habitude, ce sont les amateurs sérieux qui font les frais de l’inconscience, de l’ignorance des acheteurs et du mercantilisme des autres qui entre temps se sont bien enrichis.
Comportement :
Totalement aquatique. Elle sort tout de même régulièrement de l’eau pour se sécher et se réchauffer. Très active elle nage très vite mais reste souvent enterrée à l‘affût, soit seul le bout du nez et les yeux sortent du sable, soit elle tend la tête vers la surface, ne laissant affleurer que son nez en trompette et reste ainsi immobile imitant une branche plantée dans l’eau. La détente est fulgurante, la morsure très douloureuse. C’est avant tout un redoutable prédateur qui dévore poissons, amphibiens, oiseaux aquatiques, autres reptiles (Serpents comme Nerodia fasciata) et petits rongeurs. Elle ne dédaigne pas les charognes et parfois, semble-t-il, des plantes aquatiques. Les adultes tendent à être plus calmes que les jeunes et pratiquent une chasse à l’affût. En captivité, elle reconnaît vite la présence d’un humain qui rime avec nourriture et s’excite dès que quelqu’un passe près de son aquarium. Elle est diurne et nocturne selon la saison (et le comportement de ses proies).
Captivité :
Un aquarium est nécessaire ou tout récipient étanche et assez grand (grand bac en plastique par exemple). Selon la taille de l’animal, le niveau d’eau équivaut à la longueur totale que l‘animal peut atteindre cou en extension tout en restant le corps dans le substrat (sachant que son cou est aussi long que la carapace !). Avec une femelle adulte c’est plus difficile, un niveau d’eau de 50 cm suffit. La seule décoration consiste en 5 à 20 cm (selon la taille de l’animal) de sable de Loire ou autre sable aux arrêtes arrondies (sable de rivière) bien lavé. On loge les spécimens séparément. Si un jeune tient parfaitement dans un récipient de 60x40 cm de base, un mâle adulte vivra dans un récipient de surface minimale : 100x60 cm et une femelle de 200x100 cm et 50 cm d’eau. Aucune décoration n’est nécessaire car la tortue lors de ses enfouissements dans le sol déplace tout ! On peut ajouter des plantes flottantes type Jacinthes d’eau, grosses lentilles tropicales ou plantes aquatiques comme l’Elodée ou la Ceratophyllum en sachant que cette tortue ingère régulièrement des végétaux.
La filtration de l’eau est impérative. Elle sera puissante, la pompe doit avoir une puissance d’au moins 3 fois le volume d’eau par heure. On utilise un filtre extérieur ou intérieur pour aquarium. Le filtre intérieur sera solidement fixé aux parois. On utilise comme matière filtrante de la mousse bleue, de la lave concassée (pouzzolane) mais aussi un préfiltre mécanique qui évite l’encrassement prématuré de la filtration biologique. On utilise du Perlon comme pré filtre qui serra changé toutes les deux ou trois semaines. Il est nécessaire au début d’ensemencer le filtre de bactéries filtrantes pour aquarium (Denitrol de JBL ou Nitrivec). La température de l’eau est de 24-25°C, le chauffage pour aquarium est idéal mais doit être bien ancré aux parois pour ne pas subir les ballades du Chélonien.
On change la moitié de l’eau toutes les deux semaines. Il faut lui offrir la possibilité de sortir de l’eau pour se sécher et ses débarrasser des éventuels champignons et mycoses. Chez les juvéniles, un morceau de bois ou de liège flottant suffit, pour les adultes il faudra créer une plate forme solide, supportant leur poids. Attention aux évasions ! Un spot eut être placé au-dessus et fournir un point chaud à 32-35°C. Ce sont d’excellentes grimpeuses, gare aux évasions ! On peut aussi ajouter une fois par mois une dose de désinfectant pour eau d’aquarium ou du bleu de méthylène qui évite les infections par mycoses auxquelles les Trionichidés sont sensibles. On placera également un tube fluorescent pour reptiles diffusent des UVB.
En Alsace on peut la placer de mai à septembre à l’extérieur dans une grande cuve pleine d’eau et un fond de sable sans oublier le filtre. Dans les régions où l’hiver est plus court et plus doux elle peut y rester toute l’année (depuis le Morbihan à Nice, en passant par l’ouest et le sud du Massif central). Le bassin sera exposé le matin au soleil et possédera un accès à l’ai libre et aux rayons du soleil. L’après midi il sera ombragé par des arbres. Ne pas la mettre dans un bassin extérieur avec des poissons ! Elle dévastera tout et dévorera les poissons. On peut placer des poissons dans l’aquarium u le bassin, mais à leurs risques et périls. Néanmoins ils seront utiles pour manger les restes de nourriture (pour ma part j’ai mis des Danio malabaricus, c’est une espèce vive et peu exigeante). Des vifs pour la pêche peuvent être placés dans un bassin extérieur.
En intérieur, on peut fabriquer un bassin intérieur avec des planches de bois. Une caisse de 200x100 ou 150x150 cm et 60 à 80 cm de haut (pour 40 à 50 cm d’eau), aux parois solidement fixées car elles devront supporter le poids de l’eau. A l’intérieur on fixe une bâche à bassin pas trop. La zone terrestre est aménagée avec une grosse souche. Le matériel de filtration est si possible externe. Parfois, un simple seau percé de trous au fond, suspendu au-dessus de l’eau et dans lequel l’eau s’écoule (envoyée par une pompe à eau) à travers des matériaux filtrants suffit comme filtre.
Nourriture :
Le spécimen que je possède fut nourrit aux gammares séchés. Mais à sa taille c’est de l’avoine aux cochons, de plus ce n’est pas nutritif (imaginez votre état si vous fussiez nourris aux corn flakes toute votre vie !). Donc je la nourrie avec des morceaux de poisson, des poisson entiers (vifs pour la pêche), gros vers de terre et des souriceaux congelés parfois un morceau de steak haché, des crevettes roses entières. Et ce deux à trois fois par semaine selon la taille des portions (en particulier si je lui donne un gros poisson mort, elle en a assez pour la semaine !). Du calcium (carbonate de Calcium ou os de seiche gratté) est dilué avec de l’eau et injecté par une seringue dans le corps d’un poisson mort car simplement saupoudré il se dissout dans l’eau. On peut très facilement nourrir cette tortue à la pince et même, jeu amusant, retenir le morceau de poisson et se « battre » avec la tortue.
Reproduction :
Je n’ai pas l’intention de la reproduire vu l’infrastructure qu’il faut pour chaque spécimen. La maturité est atteinte vers 4-5 ans. On les fait hiberner durant un à deux mois à une température de 10-12°C et dans l’eau. Les paramètres baissent en deux semaines et remontent dans le même laps de temps. Elle sera mise au jeun deux semaines avant la baisse des paramètres. Les couples sont mis ensemble après de copieux repas pour freiner leur agressivité. Les accouplements sont aquatiques.
Conclusion :
La mauvaise réputation des tortues aquatiques et les problèmes qu’elles ont causés en France les ont « coulé » aux yeux des amateurs. Pourtant comment, quand on admire les Varans et les Pythons, rester insensibles devant ces remarquables prédateurs que sont les tortues à carapace molle. L’adaptation en a fait des submersibles d’attaque hors pair. Dans le cas d’Apalone ferox, je me suis penché sur cette espèce car le hasard a fait que quelqu’un m’en a confié une, faute de pouvoir la garder. Mais ce n’est pas l’espèce la plus facile vu sa taille ! Apalone muticus ou Trionyx sinensis sont certainement plus abordables pour les amateurs.
Sources :
- http://www.ballpython.com/page.php
- http://www.embl-heidelberg.de/~uetz/LivingReptiles.html
- http://www.reptilarium.ca/royal.html
- http://foliereptilienne.free.fr/pythonroyal.htm
- http://www.jungleshop.fr/article.php3?id_article=59 | |
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